Jeudi 13 octobre 2022, minds était au micro de “On en parle” en la personne d’Andrea Pereira, Docteure en psychologie sociale et responsable scientifique au sein de l’Observatoire de minds, organe scientifique de l’association. L’occasion d’évoquer la place des émotions au travail, suite à l’apéro-débat #pasquedesrobots du 12 octobre.
Les émotions ont un rôle fonctionnel bien défini chez l’être humain. Elles nous donnent des informations précieuses sur nos besoins. C’est en les écoutant et en les interprétant que nous sommes à même de comprendre notre situation. “Les émotions sont automatiques, ce n’est pas quelque chose que l’on peut éviter.” Une fois ces émotions identifiées, encore faut-il savoir qu’en faire. À nous de décider s’il est souhaitable de les exprimer ou pas, et surtout d’exprimer le besoin qui se cache derrière.
Malgré l’importance fondamentale des émotions, il n’est pas rare de refuser de les exprimer au travail, notamment lorsqu’il s’agit d’émotions désagréables. Peur du qu’en dira-t-on, du jugement de ses collègues, manque d’espace (au sens propre comme figuré) pour s’exprimer… Pourtant, le fait de parler de ses émotions permet d’identifier ses besoins, et ainsi d’agir en conséquence. Cela évite une accumulation de frustrations et de tensions, qui peuvent mener à des problèmes de santé mentale. Ignorer les émotions c’est aussi renforcer le tabou qui entoure la santé mentale au travail.
Il ne faut vraiment pas hésiter parce que plus tôt on aborde ces problèmes, plus ils sont faciles à résoudre
En Suisse, 15% des personnes souffrent de problèmes de santé mentale. Dans la région lémanique, ce chiffre s’élève à 22%. Tout le monde peut un jour souffrir de problèmes de santé mentale. “Il faut accepter que lorsqu’ on travaille avec des humains, on travaille avec des personnes dans toute leur complexité et pas simplement des exécutants"
Avec la crise sanitaire, la parole s’est libérée et on aborde plus facilement le sujet de la santé mentale. Mais ce n’est pas le seul changement observé: aujourd'hui les individus tendent à s’affirmer face à des conditions de travail qu'ils estiment délétères pour leur santé mentale. “Les personnes ne tolèrent plus les mêmes choses au travail. Si les conditions de travail ne changent pas, les gens partent, tout simplement.”
On aborde ici un point important: nous ne sommes pas seul.es responsables de notre bien-être au travail. Si les émotions et leur gestion influencent notre santé mentale, il ne faut pas oublier que ces dernières résultent de l’interaction entre les individus mais aussi et surtout de l'interaction entre l'individu et son environnement (économique, social et politique). Un environnement sur lequel les individus n'ont justement que très peu de prise. Se sentir bien sur son lieu de travail ne relève donc pas que de notre volonté. Le maintien de notre équilibre est foncièrement lié à une multitude de facteurs permettant ou non de garantir des conditions de travail humaines et décentes. C'est une question que nous abordons dans notre nouveau dossier : Le travail, c'est la santé ? “L'individu évolue dans un contexte qui a un impact très important sur sa santé mentale"
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Minds était en direct à la RTS
La souffrance psychologique, un tabou sur le lieu de travail ?
La recherche d'aide : quand ça ne va pas, il ne faut pas attendre pour faire appel à des proches ou à des professionnels.
La capacité à prendre soin de soi : On peut prendre soin de soi de plusieurs manière. Au niveau émotionnel, il s'agit par exemple de se relaxer à travers des activités qui nous font plaisir et exercent notre créativité. Au niveau physique, cela concerne l'exercice physique régulier, mais également le sommeil et l'alimentation équilibrée. Au niveau social, il s'agit de maintenir des liens sociaux positifs et de passer du temps avec les gens qui nous sont chers. Enfin, au niveau spirituel, on peut prendre part à des activités qui donnent du sens à notre vie, telles qu'une religion, ou une pratique comme la pleine conscience.
Le soutien social : soutenir les autres fait du bien non seulement à la personne qui reçoit mais aussi à celle qui donne. Ce que l'on appelle le soutien social prend de nombreuses formes : écouter activement une personne, encourager une personne à pratiquer la bienveillance envers elle-même, organiser des activités pour remonter le moral d’une personne ou fournir apporter une aide matérielle
Nous ne sommes pas seul.es responsables de notre santé mentale !
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