Le 12 octobre dernier, vous étiez nombreux·ses à assister au minds talk “Pas que des robots – Quelle place donner à nos émotions au travail ? “ à l’Espace à Genève, organisé en partenariat avec le Centre interfacultaire en sciences affectives (CISA). Retour sur les thèmes abordés durant cet événement, à visionner dans son intégralité sur notre chaîne YouTube.
Peut-on travailler sans ressentir ? Pourquoi a-t-on peur d’exprimer nos émotions au travail, en particulier les émotions désagréables ? Les relations de travail, ce vaste éventail de ressentis, sont aussi complexes que déterminantes dans la vie de chacun·e. Mais quels sont leurs impacts sur notre santé mentale ? Autant de questions passionnantes discutées lors de notre dernier minds talk, dans la continuité du dossier “Le travail, c’est la santé ?”.
On dit souvent que les émotions n’ont pas leur place dans un milieu rationnel comme celui du travail. Pourtant, nos émotions ont un rôle fonctionnel important, puisqu’elles nous permettent de prendre des décisions. Ignorer les émotions pour être rationnel.le c’est ignorer des signaux fondamentaux envoyés par notre cerveau. Tout comme la douleur est là pour nous indiquer que quelque chose est dangereux pour notre corps, les émotions nous permettent de savoir ce qui participe ou nuit à notre bien-être, elles sont là pour nous pousser à agir. “Si vous continuez à opposer rationalité et émotion, on va dans le mur, vraiment. L’enjeu c’est que, s’il n’y avait pas d’émotions, vous ne pourriez pas prendre de décisions.”
Au travail, on constate parfois un décalage entre les valeurs prônées par l’entreprise sur son site Internet, et la réalité du quotidien. Organisation bureaucratique, management très hiérarchisé, ou encore course à la rentabilité et à la performance ne font pas bon ménage avec le fonctionnement humain des collaborateur·rices – qui inclut des émotions – et c’est souvent leur santé mentale qui fait les frais de cette situation. “On essaye d’adapter l’Homme au travail en faisant fi de son fonctionnement, de ses besoins, de ses limites en tant qu’être humain, en le laissant se suradapter, parfois au prix de sa santé.” Pourtant la pandémie a permis de réaliser l’importance de la santé mentale, mais sa prise en compte dans le fonctionnement de l’entreprise ne s’est pas forcément concrétisée. Cependant, aujourd’hui les collaborateur·rices disent stop. “Les ajustements qu’on avait avant ne passent plus. Les collaborateurs n’acceptent plus cela, et posent un seuil minimum en deçà duquel ils ne veulent plus aller. De plus en plus d’entreprises constatent que les personnes partent.”
*Le présentéisme décrit le fait de venir au travail, mais de ne rien faire. On fait acte de présence, sans réellement contribuer aux activités de l’entreprise.
Pour mieux gérer nos émotions, nous pouvons développer nos compétences émotionnelles, ou agilité émotionnelle.
Les compétences émotionnelles sont nos capacités à identifier, comprendre, exprimer, gérer et utiliser nos émotions et celles d’autrui. Elles jouent un rôle fondamental dans la santé mentale, la santé physique, la performance au travail et les relations sociales. Source: Mikolajczak, 2014
Au niveau de l’entreprise, encourager une culture de collaboration qui permet, tolère et encourage l’expression des émotions, cela veut dire:
Voici quelques points de conclusion que nous pouvons mettre en avant à la suite de ce talk : ✔ Les émotions ont un rôle fonctionnel chez l’être humain, on ne peut pas les ignorer
Temps forts et témoignages
“Si on continue à opposer rationalité et émotion, on va dans le mur”
Donald Glowinski, Vice-doyen Haute Ecole de Santé – La Source, Directeur du programme « Compétences Emotionnelles » à l’Université de Genève · Centre Interfacultaire des Sciences Affectives, créateur de www.teamVision.ai.Pour apprendre à gérer et utiliser nos émotions, la première étape est simple : dépasser nos préjugés !
Adapter l’humain au travail, ou adapter le travail à l’humain ?
Anny Wahlen, psychologue du travail et des organisations et psychologue d’urgence, Fondatrice de Salutis network Sàrl
Donald Glowinski, Vice-doyen Haute Ecole de Santé – La Source, Directeur du programme « Compétences Emotionnelles » à l’Université de Genève · Centre Interfacultaire des Sciences Affectives, créateur de www.teamVision.ai. Des enjeux humains : un bon équilibre au travail influence de manière positive l’activité, réduit l’absentéisme et le présentéisme* et permet une meilleure collaboration d’équipe.
Des enjeux de performance : en prenant soin de la santé mentale de chacun·e au travail, on constate une meilleure qualité des biens et services.
Des enjeux de réputation : si l’organisation ne prend pas en compte la santé mentale des employé·es, ça se sait. La réputation de l’entreprise en pâtit.
Des enjeux légaux : selon la loi, prendre soin de la santé physique et psychique des collaborateur·rices est une obligation des employeur·ses.
Des enjeux économiques : la mauvaise santé au travail, physique comme mentale, coûte très cher.
Développer nos compétences émotionnelles
Synthèse
✔ Opposer raison et émotion n’a pas de sens
✔ Ignorer les émotions au travail, c’est ignorer que les travailleur·ses sont des êtres humains
✔ Il est possible de développer les compétences émotionnelles au niveau individuel et collectifRessources à destination des entreprises