La santé mentale,
c’est les autres

Le fait de savoir que l’on est aimé.e, estimé.e, valorisé.e, et que l’on fait partie d’un réseau social, est un besoin humain indispensable. Ce réseau que nous construisons tout au long de la vie – famille, ami.e.s, collègues, proches et moins proches – est un formidable moteur de vie, d’espoir, et influence de manière capitale notre santé mentale !
Les êtres humains sont profondément interdépendants : forger des liens sociaux durables et empathiques est essentiel à notre survie psychologique et physique.

Que veut-on dire par soutien social ?

Employé dans ce contexte, le soutien social est une relation interpersonnelle, où les individus échangent des ressources pour s’aider mutuellement. Ces ressources peuvent être matérielles (par exemple : argent), mais aussi pratiques (par exemple : aider à déménager), informationnelles (donner un conseil) et émotionnelles (réconfort, amour).

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Les supers pouvoirs des relations humaines

Le soutien social influence notre santé et notre bien-être psychologique tout au long de la vie : il contribue à donner un sens à notre vie et fait ressortir le meilleur de chacun.e ! En ce sens, c’est l’un des facteurs déterminants de notre santé mentale les plus influents et remarquables.

C’est quoi l’interdépendance positive ?

C’est une relation mutuellement bénéfique qui fait ressortir le meilleur de chacun.e !

Nous sommes des animaux sociaux, sociables, fragiles, nous devons notre survie grâce aux liens solidaires et d’entraide.

— Rebecca Shankland, psychologue

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Les multiples bienfaits du soutien social

Les bienfaits du soutien social sont assez extraordinaires et surprenants. Ils boostent notre état de santé général. Ces effets agissent aussi bien sur le plan physiologique que psychologique !
Tous ces effets positifs enclenchent d’une part un cercle vertueux de bien-être, et nous aident d’autre part à combattre des troubles psychologiques comme la dépression.

Quels sont les effets positifs du soutien social ?

Attention

Le soutien social et santé mentale, c’est une relation à double-sens : une mauvaise santé mentale peut aussi influencer négativement le soutien social reçu et offert.
Nous savons par exemple qu’il est particulièrement difficile pour les personnes souffrant de dépression d’aller vers les autres. Mais dans ces moments-là, l’entourage joue un rôle clé : apporter son soutien ou simplement sa présence à quelqu’un qui n’est pas en mesure de le demander est une ressource d’aide précieuse

Mettre les relations sociales au cœur des politiques de santé publique représente une opportunité majeure d’améliorer non seulement la qualité de vie mais aussi la survie des individus.

— Holt-Lunstad et Smith, 2012

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Une ressource équitablement répartie ?

Le contexte politique, économique et sociétal crée de nombreuses inégalités dans l’accès à un réseau bénéfique et à un soutien social élevé . Il varie fortement en fonction de l’âge, du genre, du niveau de revenu, du niveau de formation, des origines… c’est un véritable révélateur d’inégalités !

Âge

Le soutien social diminue systématiquement avec l’âge. Néanmoins, cela ne veut pas dire que les jeunes ne souffrent pas de solitude. Au contraire, avec la pandémie de Covid 19 les jeunes romand.e.s ont été particulièrement touché.e.s et 25% d’entre eux ne se sont pas senti.e.s soutenu.e.s.
« Pas au top à cause du Corona ? » – Sondage auprès des jeunes romand·es âgé·es de 10 à 25 ans

15-24 ANS
53,6%
45-54 ANS
44,7%
75+ ANS
34,2%

Personnes bénéficiant d’un soutien social élevé en Suisse en fonction de l’âge

Niveau de formation

Le soutien social varie fortement en fonction du niveau d’instruction et de manière générale, on constate qu’un faible niveau d’instruction est un facteur de risque pour la santé mentale : en Suisse, 25% des personnes ayant achevé l’école obligatoire font état de problèmes psychiques moyens à importants en Suisse contre 13% des personnes avec une formation de degré tertiaire.

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ÉCOLE OBLIGATOIRE
31,8%
DEGRÉ SECONDAIRE
43,9%
DEGRÉ TERTIAIRE
48,3%

Personnes bénéficiant d’un soutien social élevé en Suisse en fonction du niveau de formation

Statut migratoire

La migration est un facteur de risque pour la santé mentale des personnes migrantes. Certain.e.s migrant.e.s peuvent notamment être victimes d’un “choc des cultures", caractérisé par des difficultés liées à l’adaptation, un sentiment de perte et de confusion identitaire. Ce choc des cultures, qui est associé à un véritable mal-être psychologique, peut être diminué par la présence d’un soutien social de qualité.

PERSONNES NON ISSUES DE LA MIGRATION
49,2%
PERSONNES ISSUES DE LA MIGRATION
38,6%

Personnes bénéficiant d’un soutien social élevé en Suisse en fonction du statut migratoire

Lieu d’habitation

canton et région linguistique

Le soutien social est plus faible en Suisse francophone et italophone qu’en région alémanique, et à Genève le soutien social est même le plus bas de Suisse.

SUISSE
45,4%
GENÈVE
34,6%

Personnes bénéficiant d’un soutien social élevé en Suisse et à Genève

Sentiment de solitude, soutien social et troubles psychologiques sont très étroitement liés.

En suisse les personnes qui ne bénéficient pas d’un soutien social suffisant souffrent presque 3 fois plus de problèmes psychologiques.

PERSONNES SOCIALEMENT PEU SOUTENUES
34%
PERSONNES SOCIALEMENT SOUTENUES
13%

Personnes souffrant d’un trouble psychologique en Suisse en fonction du soutien social

Pour raviver les liens de solidarités, il faut réduire les inégalités de position: revenu, genre, patrimoine, éducation, génération, handicap…

Gaël Giraud : « Le lien social est ce qui fait qu’une société tient debout »

Références:

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